Bénévolat est … Arnaud: « Ici on touche Dieu avec la main » « 

Bénévolat est … Arnaud: « Ici on touche Dieu avec la main » « 

Le jeune ivoirien, Arnaud Kadjo N’dah, religieux de la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, a vécu deux expériences au Centre de Santé « Saint Michel » à Bouar en République Centrafricaine

J’aimerais avant tout, exprimer toute ma gratitude à Dieu pour son action miséricordieuse envers « l’avorton » que je suis, dont ses mains n’ont cessé et ne cessent de modeler et de façonner à sa guise.
Une action qui m’ouvre à une rencontre de lui au cœur d’une petitesse de vie causée par une maladie dite incurable: le VIH-SIDA.

Qu’il me soit permis de paraphraser cette belle pensée: les voies du Seigneur ne sont pas nos voies et les volontés du Seigneur ne sont point les nôtres. Car le Seigneur nous surprend toujours lorsque nous lui manifestons notre désir de le suivre. Il permet à chacun de le contempler au-delà de ses mérites à travers une rencontre. Une rencontre personnelle dont le Seigneur fait choix pour repartir de lui. C’est ainsi que, de ma rencontre avec lui, il a manifesté son amour en me dévoilant son humanité; un dévoilement humain du visage divin de Dieu. Ainsi, l’être dévoilé de Dieu, je l’ai reconnu dans le visage de l’autre; en tout homme et même dans le malade, le faible, le laisser pour compte.
En un mot celui dont la dignité est sans espérance aucune…

Ma présence au Centre de Santé « Saint Michel » de Bouar à l’occasion des deux stages-vacances que j’ai proposé avec le consentement de mes supérieurs, est une façon de creuser à fond les convictions qui naquirent de mon expérience du noviciat et de vivre en profondeur la spiritualité Bétharramite qui se veut être ceci: procurer aux autres le même bonheur qui nous étreint.
En effet le Centre « Saint Michel » a, pour vocation, d’être avant tout un Centre pour malades du VIH-SIDA.
Les personnes déclarées positives après le dépistage du SIDA, sont automatiquement prises en charge par le centre quel que soit la classe d’âge, le milieu social ou ethnique ou encore la confession religieuse; une initiative du directeur Frère Angelo Sala.
J’ai été très heureux d’effectuer mon stage au Centre « Saint Michel »; j’ai réalisé ainsi le concret de ma vocation qui se veut être au service des pauvres et des malades.
J’ai passé mes heureuses journées du centre à la pharmacie, à l’infirmerie, à la salle aux soins et au laboratoire aux côtés de Clémence, infirmière bénévole de la DCC et de Malachie laborantin et sous la direction de Sœur Christine infirmière (religieuse de la Congrégation des Soeurs de la Charité) et du frère Angelo Sala.
La joie qui s’en dégage n’est nullement liée aux injections administrées, aux pansements, ou à la vente des médicaments ou encore à la découverte de bactéries et parasites au microscope; tout cela,  se réalise continuellement dans les différents hôpitaux du monde.
La joie, c’est  la présence-famille du personnel soignant et des conseillers aux côtés de ces frères et sœurs malades. Une présence-famille soucieuse de leur état de santé, alimentaire, vestimentaire et autres; des visites sont mêmes organisées quotidiennement par les conseillers afin de s’enquérir de la situation de chaque malade; motivant en effet l’afflux de malades au Centre pour la prise en charge.
Cette expérience m’initie dans le domaine médical; j’apprends sur le tas à travers une formation pratique auprès de la sœur Christine et du Frère Angelo à faire des injections, pansements, mettre des sérums, écrire les différents traitements de malades dans le carnet de soin et les dossiers médico et les techniques en laboratoire et autres pratiques liées à l’administration du Centre.
Au-delà de la chose médicale proprement dite, cette expérience me plonge au cœur de ce qui, pour moi, est essentiel et capital dans la vie: être par Amour au service des plus pauvres et des faibles… elle m’aide à rendre concret et palpable le murmure de l’être intérieur qui veut réaliser ma rencontre d’avec le Christ.
Une rencontre au service des autres qui n’attend rien en retour; dont la récompense n’est autre qu’un sourire, un merci qui fend considérablement le cœur. J’ai réalisé à cet effet qu’un simple geste anodin peut être un instant magique bouleversant la vie d’une tierce personne.
En effet assistant un frère malade couché sur son lit de souffrant, après une rechute, me dit ceci: « grand-frère merci d’être à mes côtés dans mon lit de souffrant. Merci d’être une oreille à tous mes maux. Jamais personne ne m’a écouté et ne m’a fait redonner goût à la vie comme tu le fais. Que j’aurai aimé que tu sois un frère que je n’ai jamais eu. Tu me donnes de me savoir homme comme tout autre. Car même ma famille et mes amis(es) ne veulent pas entendre parler de moi à cause de ma maladie. Tous ont peur de moi. Je sais que ma fin est prochaine. Mais sache que je te porte et je te porterai toujours avec moi. Et je prierai pour toi. On se reverra au paradis »… il coula des larmes et s’endormi, je n’ai pu me retenir après avoir écouté ce frère.
Je me demandai  alors quand et à quelle occasion j’avais pu réaliser cela en ce frère. Mais après réflexion, je compris qu’il faut peu pour rendre l’autre heureux: juste une présence, un sourire, une attention pour rendre les autres heureux et admirer le sourire de Dieu sur leurs visages.
Dieu se fait présent dans le visage de chaque Homme; il me donne de le contempler dans celui des patients du Centre « Saint Michel ».
Je le vois, le touche, le soigne et l’enserre. J’apporte juste mon amour-compatissant, eux ils me donnent Dieu.

Un grand merci au frère Angelo qui m’a joyeusement accueilli et introduit dans cet univers des personnes frappées par le virus du VIH SIDA.

Fr. Arnaud Kadjo N’dah